9 décembre.
Au réveil la fièvre a disparu. Mais courbatu et sonné. Je décide pourtant de partir (comme chaque fois je tire une énergie de la constatation d'une situation pire : prisonnier etc.). Nous partons par un beau soleil. Sorrente (et le délicieux jardin de la Cocumella), Amalfi un peu trop décoratif où nous déjeunons, puis je conduis pour relayer F. fatigué et le soleil se couche quand, après avoir traversé une région industrielle puis une terre curieuse qui fait penser aux Limbes (grands roseaux, arbres maigres et déplumés) nous arrivons à Paestum. Ici le cœur se tait.
(Plus tard.) Je veux essayer de ressaisir cette arrivée, à la fin de l'après-midi. Nous sommes accueillis à l'auberge près des ruines par une bonne vieille chambre à trois lits aux murs énormes et blanchis, fruste mais d'une propreté sûre. Un chien se colle à moi. Le soleil est couché quand, les barrières étant fermées, nous escaladons les remparts pour entrer dans le champ des ruines. La lumière vient de la mer toute proche et bleue encore, mais les collines qui font face à la mer sont déjà noires. Quand nous arrivons devant le temple de Poséidon les corbeaux déjà couchés se lèvent dans un extraordinaire tumulte d'ailes et de cris, puis volent autour du temple, s'abattent aux quatre coins et repartent comme pour saluer l'apparition admirable devant nos yeux d'un être fait de pierre mais vivant et inoubliable. L'heure, le vol noir des corbeaux, les rares chants d'oiseaux, l'espace entre la mer et les collines, et on retient les merveilles exactes et chaudes, tout cela dans ma fatigue et mon émotion, me met à deux doigts des larmes. Puis c'est le ravissement interminable, où tout se tait.
Soir, silence, corbeaux, comme oiseaux de Lourmarin et la chatte, mes larmes, musique.
Au matin à Tipasa la rosée sur les ruines. La plus jeune fraîcheur du monde sur ce qu'il a de plus ancien. C'est là ma foi et selon moi le principe de l'art et de la vie.
Ποσειδωνιάταις τοις εν τω Τυρρηνικώ κόλπω το μεν εξ αρχής Έλλησιν ούσιν εκβαρβαρώσθαι Τυρρηνοίς ή Pωμαίοις γεγονόσι και τήν τε φωνήν μεταβεβληκέναι, τά τε πολλά των επιτηδευμάτων, άγειν δε μιάν τινα αυτούς των εορτών των Ελλήνων έτι και νυν, εν η συνιόντες αναμιμνήσκονται των αρχαίων ονομάτων τε και νομίμων, απολοφυράμενοι προς αλλήλους και δακρύσαντες απέρχονται. AΘΗΝAΙΟΣ Την γλώσσα την ελληνική οι Ποσειδωνιάται εξέχασαν τόσους αιώνας ανακατευμένοι με Τυρρηνούς, και με Λατίνους, κι άλλους ξένους. Το μόνο που τους έμενε προγονικό ήταν μια ελληνική γιορτή, με τελετές ωραίες, με λύρες και με αυλούς, με αγώνας και στεφάνους. Κ’ είχαν συνήθειο προς το τέλος της γιορτής τα παλαιά τους έθιμα να διηγούνται, και τα ελληνικά ονόματα να ξαναλένε, που μόλις πια τα καταλάμβαναν ολίγοι. Και πάντα μελαγχολικά τελείων’ η γιορτή τους. Γιατί θυμούνταν που κι αυτοί ήσαν Έλληνες — Ιταλιώται έναν καιρό κι αυτοί· και τώρα πώς εξέπεσαν, πώς έγιναν, να ζουν και να ομιλούν βαρβαρικά βγαλμένοι — ω συμφορά! — απ’ τον Ελληνισμό. |
(ΚΩΝΣΤΑΝΤΙΝΟΣ ΚΑΒΑΦΗΣ Από τα Κρυμμένα Ποιήματα 1877;-1923, Ίκαρος 1993) |
Nessun commento:
Posta un commento